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Zoom Magazine, 1972 – French edition

New York vit à l’heure de la féte. Une féte que nos yeux europeens savent mal déchiffrer aujourdʼhui, puisque nous ne verrons souvent que provocation, outrance et ridicule là où s’expriment, avec une déconcertante affirmation ludique, les premiers soubresauts d’une nouvelle liberation : The Gay Lib. Aprés les femmes et le Women’s Lib, les homosexuels (en anglais : gay) ont decidé de remettre en cause, avec leurs propres armes, l’oppression dont est objectivement victime une espéce que la majorité silencieuse a longtemps condamnée : la société marginale des homosexuels, transexuels ou travestis. Ceux qui ne correspondent pas au “modèle dominant”, ces avant-deniers métèques pour qui aucune Terre Promise ne se dessine à l’horizon de nos mondes dits civilisés. A New York, il y a aussi Gilles Larrain, photographe, architecte, cinéaste. Depuis un an, son studio est ouvert en permanence à cette faune exubérante, aux Cockettes et autres “beaux monstres” (beautiful freaks ) qui ont pris la tête du Mouvement et redecouvrent, tres simplement et tres instinctivement, les vertus libératrices du spectacle et de la représentation. Ces documents dont toute ironie est exclue — si ce n’est celle qu’exprime le modele lui-même – ne sont pas ceux d’un moraliste ou d’un bateleur avide d`exploiter ces phénomènees épate-bourgeois. Et sʼil fallait définir cette expérience que Gilles Larrain conduit avec sérénité depuis plus de douze mois, ce n’est pas au vocabulaire du critique d’art qu’il faudrait faire appel mais bien aux notions les plus resolument modemes et salutaires de l’antipsychiatrie.

Michel Caen